jeudi 31 juillet 2008

Black Dice

Lecture ces jours-ci d'une bio - fort mal écrite et mal traduite, malheureusement - de Roland Kirk, l'homme aux trois saxos, ce qui m'amène en conséquence à me plonger dans des vidéos historiques du jazz le plus libre qui fut, encore plus free que le free, car aérien, comme détaché de toute contigences techniques, comme s'il pouvait s'en passer à force de maîtrise. Et quand on parle de Kirk, Coltrane n'est pas loin. Petite série de grands moments.

Coltrane + Getz + McCoy Tyner + Peterson en 1960 :


Rahsaan Roland Kirk livre sa version - incroyable - du hit I Say A Little Prayer en 1969 :


John Coltrane Quartet - My Favorite Things en 1965 :

Vie privée vie publique.

Lu sur Ecrans du jour, cette réponse très laconique du grand méchant Google à un couple qui se plaignait que sa maison figurât sur Google Maps

Google : « une vie vraiment privée est impossible »

Le service Street View de Google Maps, qui permet, dans certains coins du monde, de consulter des photos panoramiques de chaque rue, s’attire régulièrement des ennuis ou des remontrances. Cette fois, c’est un couple de Pennsylvanie qui a porté plainte contre Google car on trouvait des photos de sa maison dans Street View. Au lieu de demander simplement le retrait des photos, le couple Boring, un peu procéduriers, a porté plainte contre Google. Ils réclament au moins 25 000 dollars (environ 16 000 euros) de dommages et intérêts : selon eux, Google « leur a causé des souffrances mentales et a diminué la valeur de leur propriété ». Selon eux, leur maison, située au bout d’une route privée, n’aurait jamais dû être photographiée.

Google, qui a retiré les photographies dès le dépôt de la plainte en avril, a envoyé hier sa réponse au tribunal (réponse mise en ligne sur le site The Smoking Gun), demandant le retrait de la plainte. On est bien loin d’un mea culpa : « Avec la technologie des images satellites aujourd’hui, une vie vraiment privée est impossible, même dans le désert. Quoi qu’il en soit, les plaignants ne vivent pas dans le désert et sont loin d’être des ermites. » Les avocats de Google ont ajouté que les images en question étaient « des photos banales de l’extérieur d’une maison » et qu’« il n’y avait pas d’indication claire qu’il s’agissait d’un chemin privé ».

Les voitures-caméras de Google, qui ont commencé leur activité au printemps 2007 aux Etats-Unis, arpentent depuis quelques mois les rues des capitales européennes. Les photos panoramiques ne sont cependant pas encore visibles. Mi-mai, Peter Hustinx, le contrôleur européen de la protection des données, avait insisté sur le besoin de respecter la vie privée : « Prendre des photos dans la rue n’est pas un problème en soi. Mais prendre des photos partout peut en être un. Google doit respecter les lois sur la protection des données, leur succès ici en dépend. Ce sont des gens intelligents, je pense qu’ils n’ignoreront pas la loi. »

Que devient Mobius Band ?

L'été est propice aux coups d'oeil dans le rétro et je me suis demandé l'autre jour ce que devient Mobius Band, un groupe du label siglé new techno Ghostly International. J'adore la voix du chanteur, qui me rappelle parfois celle de Michael Stipe. Là, c'est la version edit de The Loving Sounds of Static, qui date de 2006 et n'est jamais sortie en Europe. Même le distributeur de Ghostly ne connaît pas ce groupe, ce qui est très bizarre...

Gotye

Ecoute en boucle ces jours-ci, à la fraîche, de Like Drawing Blood, l'album de Gotye, un belge vivant en Australie. Cet album date de 2006 mais sortira en septembre en Europe. Pour le décrire, il suffit juste de convoquer le Beck de Odelay, avec une touche de Jamie Lidell (dont il assure certaines premières parties). J'avais découvert ce musicien par le clip très réussi de Hearts A Mess.
Et j'aime bien le blog du garçon, qui s'amuse par exemple à ralentir We Are The World, l'hymne pré-alter 80s.

jeudi 17 juillet 2008

Gare au renard !

J'ai découvert Fleet Foxes ce printemps, à la faveur de leur concert à la Flèche d'Or. Au moment où tout le monde se prosterne (à raison) sur la réédition du "Pacific Ocean Blue" de Dennis Wilson, il peut être intéressant de se plonger dans les correspondants d'aujourd'hui des Beach Boys. Les Fleet Foxes n'ont pas le talent mélodique de la bande à Wilson (Brian) ou, plus près de nous, de Grizzly Bear, mais certains de leurs morceaux ont une vraie grâce, instantanée, qui nous replonge sans oeillères vers une conception 70s de la composition. J'aime beaucoup "White Winter Hymnal", plutôt rafraîchissant, et le clip vaut le détour.



Et pour mémoire, Dennis Wilson, "Are You Real ?" :

mardi 15 juillet 2008

Gare au Barouh

Réécouter Pierre Barouh (à l'occasion de la parution de l'intégrale de ses enregistrements chez AZ), c'est se replonger dans une époque où les voyages représentaient encore des possibilités d'aventures, où les tuyaux n'étaient pas un Tout indépassable et où l'on savait prendre son temps. Barouh, comme Grozdanovitch ou Nicolas Bouvier, est un passant, un flâneur aux aguets, un passeur amoureux (c'est d'ailleurs lui et non pas Henri Salvador, qui a fait découvrir la bossa originelle, Venicious de Moraes ou Baden Powell, époque dont il parle avec une retenue et une modestie remarquables). Dans le documentaire qui accompagne ce petit coffret (32 chansons, 1963-66), Barouh raconte son parcours, ses rencontres (De Moraes, justement, Montand - c'est lui l'auteur de "La bicyclette", publié juste avant mai 68, l'importance d'"Un homme et une femme" à ses débuts, l'enregistrement du célèbre "Samba Saravah" en une prise à Rio après une nuit de fête sur la plage, ses retours à St Germain et ses voyages à Lisbonne et au Japon...).
Voilà qui donne de furieuses raisons de larguer les amarres...

Les grosses chaleurs.

En tombant par hasard sur le "Nosferatu" de Murnau (1922) alors que je recherchais le morceau du même nom de Slint (album "Spiderland"), je me mets à méditer sur la pureté de ce cinéma là, qui créait sa propre grammaire et avait recours à des effets minimaux, pour un résultat encore efficace pour peu qu'on sache encore écarquiller les yeux.
"Wait, young man, you can't escape your destiny by runnin' away"...

vendredi 11 juillet 2008

Le retour du mur du sang.


J'avoue avoir longuement hésité, au point d'en oublier la date, et puis le concert londonien, et puis des vidéos, et puis des commentaires, des mails, la rédaction d'une mini-chronique de "Loveless" pour Volume (dossier 200 albums) m'ont convaincu au finish de claquer 40 euros pour assister au retour de My Bloody Valentine dans cette espèce de boîte de conserve qu'est le Zénith (mais pourquoi diable ici ?).

"Loveless", donc, album-matrice dont je crois connaître chaque mouvement, à défaut d'en comprendre les paroles (ce qui est pratique au niveau de la projection, soit-dit en passant). On a tout lu ou entendu sur cette musique-brouillard, mais c'est surtout l'intimité avec elle qui me passionne, la manière dont chaque écoute laisse envisager d'autres territoires, un peu comme si ces guitares en fusion qui brouillent les voix claires changeaient de forme en permanence, au gré du moment et de l'endroit. "Loveless" n'est pas le même album pour moi qu'en 1992, quand on se le refilait en douce au lycée, et c'est précisément pour ça que voir MBV pour la première fois, assister à ce moment où ils replongent dans leur magma sonore, a provoqué chez moi des sentiments mêlés, une vague d'instants et le reflux de visages en même temps que sentiment d'une intensité musicale rarement atteinte.

Il faut dire que tout était en place, les visuels tout d'abord, qui au début du concert étaient constitués de petits films expérimentaux très printaniers, un chemin forestier en rotation, des fleurs, de l'herbe, qui collaient parfaitement aux morceaux. J'ai mis quelques minutes à me connecter aux voix de Belinda (toujours aussi gracile, et cet air d'être là mais pas tout à fait, ses grands yeux fixant la pénombre pour mieux s'oublier) et Shields, toujours aussi peu disert, avec cette dégaine d'éternel adolescent mal réveillé. Je me suis dit que depuis 15 ans, ce type avait eu tellement de temps pour ruminer ce retour, tellement de propositions de rebrancher les amplis que ce devait être autre chose qu'un concert de plus, en dépit du cash-flow qui doit lui tomber sur la tête.

Le concert en lui-même, c'est-à-dire détaché de tout affect ou madeleine de Proust, fut excellent, les vagues noise s'enroulant autour d'elles-mêmes avec l'aide de boucles puissantes (qui partaient parfois trop tôt !). A quelques reprises, on atteignit même le son noisy idéal, jamais saturé, plutôt diffracté et précis, formant une pâte sonore intemporelle. "Glider"," To Here Knows When", "Feed Me With Your Kiss", s'incarnaient sous les yeux d'un public essentiellement composé de vieux fans déplumés et très émus qui, tous, attendaient le fameux break de "You Made Me Realize", vieux fantasme interrompu 3 ou 4 fois par le limitateur sonore (j'ai depuis appris que MBV a allègrement franchi la barre des 120db, là où la limite est fixée à 106) ce qui provoqua l'ire de Shields. Après quelques minutes de flou et de négos il reprit le break-brouillard avant une nouvelle et dernière coupe. Fin du concert en queue de poisson, mais trop tard, le mal était fait, nos oreilles saignaient, ce fut le moment de partir, vite vite, béat et en nage, la tête toute bourdonnante et le coeur en toupie.

"To Here Knows When", pour mémoire :