mardi 24 juin 2008
Suicidez-vous, le peuple est mort.
Suicide – « Suicide » (1977, Red Star)
Le premier album de Suicide est un cri qui déchire la nuit new-yorkaise, un bourdonnement séditieux totalement inédit qui a marqué la psyché punk et certains des trublions électroniques les plus rageurs. 30 ans après, la force de ces dix morceaux demeure, qui amènent l’auditeur dans des ruelles où la pénombre dissimule de bien étranges scènes. On a souvent parlé d’avant-garde et de sophistication à propos de ce chant de la machine trash mais « Suicide » est en réalité un blues urbain, suite de vignettes très crues qui laissent exangue. « Frankie Teardrop » raconte sur 10 minutes l’histoire de Frankie, un chômeur aux abois qui exécute sa famille avant de se flinguer. Le bourdonnement pulsé par Martin Rev sur ses machines de récup’ tourne à la transe macabre. Alan Vega gémit, hurle et les chiens avec, c’est New York dans son jus et ses artères, dans la lignée du « Metal Music Machine » de Lou Reed.
Ce premier album reprend des morceaux qu’Alan Vega (Duchamp du caniveau qui fait dans la sculpture de lumière) et Martin Rev (bricoleur impavide aux grosses lunettes de ski), rôdent sur scène depuis 1974 en tentant d’échapper aux débris que lui balance un public pourtant punk. Vega dévide vaille que vaille ses histoires de motard fantôme (« Ghost Rider ») ou de bombe nucléaire frappant les Etats-Unis (« Rocket USA ») et crée le malaise. Le boogie malade de Suicide s’éclaircit pourtant sur le dernier morceau, « Keep Your Dreams », qui préfigure des sonorités électro maintenant bien connues, en conclusion d’un album aux allures de mouton noir punk.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire