lundi 25 août 2008

Place de Tichy.

Il faut aller caresser du regard les jambes et les galbes flous des femmes de Miroslav Tichy. Ce "photographe" tchèque pour qui le terme DIY aurait pu être créé, est exposé pour la première fois en France (au Centre Pompidou jusqu'au 22 septembre). C'est une pluie de jambes et de visages de filles anonymes en noir et blanc, ou sépia, pour la plupart photographiées dans les années 60. Tichy utilisait un matériel de fortune bricolé avec du bois et du scotch, en redéfinissant au passage une camera obscura primitive volontairement à l'opposé de l'impératif de progrès prôné par le pouvoir communiste alors en vigueur en Tchécoslovaquie et qui causera par ailleurs une mise à l'écart volontaire, la marche du monde étant soumise à trop d'impératifs. Tichy hantait la ville et ses espaces de loisir, à la recherche des corps et des lumières, et il concevait d'étranges cadres pour ses photographies, qu'il retravaillait parfois au stylo.
Pauses longues, lumières surnaturelles, corps émouvants, parfois consentants, parfois non mais on n'est jamais ici dans le voyeurisme. Tichy a toujours un oeil amoureux même s'il prétend que tout est dû au hasard. Drôle de bonhomme maintenant âgé de 82 ans, tout à fait brut, une voix singulière au milieu du conformisme ambiant.





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