mardi 8 avril 2008

Archives poptronic.fr 3 : Sébastien Tellier



< 10'03'08 >
Sébastien Tellier en Mister France à l’Eurovision

La nouvelle est tombée ce week-end, juste avant de sortir acheter le kit de survie sushi/bières pour un plateau télé devant les Victoires de la musique. Non, ce n’est pas le désormais célèbre conseil d’André Manoukian à l’attention d’une candidate coinços de la Nouvelle Star (« tu devrais chanter avec ton anus ») mais bel et bien la participation de Sébastien Tellier au prochain concours de l’Eurovision de la chanson, qui se déroulera le 24 mai à Belgrade. Etonnant ? A priori, rien de commun entre ce radio-crochet communautaire pour lumpen-chanteurs variétoches cruellement (et paradoxalement) ringardisés par la télé-réalité, et Tellier, cet étrange personnage siglé « underground », dont le récent album « Sexuality » reçoit ce mois-ci plus de retombées médiatiques qu’un quatrain présidentiel.

« La ritournelle », extrait de « Politics » en 2004, était certes un évident moment de grâce et d’écriture, très aérien mais déjà solidement marketé « french touch ». Critiques à genoux, participation à la BO de « Marie-Antoinette », Tellier se forge dès lors une réputation de petit maître de la tribu underground et de nouveau Christophe... Inutile d’insister sur la paresse d’une telle comparaison, comme si la critique à l’évidence maraboutée était incapable d’émettre la moindre réserve sur les compositions du joyeux barbu. Et son nouvel album, « Sexuality », délibérement cul, serait l’intouchable incarnation d’un avenir de la variété française pas débile car bardée de références et d’ironie sur elle-même.

Il faut doublement se pincer donc : sur onze morceaux, et à deux trois fulgurances près, dont le néo-post-disco « Sexual Sportwear », ou l’étonnant « Dis-moi ce que tu penses », « Sexuality » traîne sa misère mélodique, son recyclage cheap des productions variété française 70/80’s (on pense davantage aux eaux tièdes de Voulzy et Yves Simon qu’aux mystères du « Beau Bizarre »). Quant à la production, confiée à une moitié de Daft Punk, elle est si indigente qu’on flaire l’entourloupe promotionnelle. Certes l’Eurovision, à la recherche d’un nouveau souffle, parie sur les freaks et le kitsch (sexuel et musical si possible, avec Fogiel et Dave préposés aux commentaires so trash baby). Objectivement, Tellier a toutes ses chances de succéder à Marie Myriam avec ce titre, « Divine » (le plus mauvais de l’album), tant ce désagréable goût pour la dissimulation a déjà réussi à duper son monde...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah ! Ça fait du bien de lire un point de vue un peu différent sur Sexuality. Pas vraiment emballé non plus. C'est relativement agréable à écouter, mais c'est effectivement l'engouement médiatique qui agace le plus, les comparaisons alambiquées et totalement hors de propos.
Par contre, comparer à Yves Simon, ce n'est pas très gentil pour Yves Simon (ou alors juste pour ses errements musicaux et ses quelques mauvais tubes des années 80). Parce ce que le Yves Simon seventies, c'était quelque chose. Si, si. :-)

Benoît Hické a dit…

Va pour Yves Simon, mais bon, pas deux trois morceaux, pas plus ! !